Avoir le coeur brisé par le chagrin ou mourir d'amour n'est pas seulement une image poétique mais une réalité physiologique aux mécanismes encore mystérieux qui frappe surtout les femmes, selon des cardiologues américains.
Ces chercheurs de l'école de médecine de l'université Johns Hopkins à Baltimore (Maryland, nord-est) dont l'étude est publiée dans la dernière édition du "New England Journal of Medecine" datée de jeudi, ont pour la première fois établi l'existence d'un syndrome cardiaque spécifiquement lié à une émotion forte.
"C'est important de comprendre ce que peut vraiment faire le stress émotionnel", a expliqué le cardiologue Ilan Wittstein, qui a dirigé l'équipe de scientifiques.
Cette recherche conduite de 1999 à 2003 sur 19 personnes, souffrant du syndrome dit "du coeur brisé", a montré les effets physiologiques sévères d'une émotion forte sur le coeur de sujets n'ayant aucune maladie coronarienne et généralement en bonne santé. Toutes ces personnes ont eu un rétablissement complet après quelques jours et sans aucune séquelle, ont précisé ces chercheurs.
"Nous ne savons pas exactement comment un important stress émotionnel peut affecter les fonctions cardiaques mais toutes les personnes frappées par ce syndrome avaient un niveau très élevé de sécrétions et d'hormones, comme l'adrénaline, liées au stress ce qui auraient pu temporairement affecter leurs fonctions cardiaques", a-t-il dit.
Un décès dans la famille, un cambriolage, un accident de voiture, une biopsie, une fête d'anniversaire, sont parmi les événements qui ont envoyé au service d'urgence de Baltimore le groupe de 18 femmes et un homme. Tous se plaignaient de spasme dans la poitrine et d'un affaiblissement général.
L'âge médian de la plupart des victimes était de 63 ans. Mais deux personnes étaient jeunes. Elles avaient respectivement 27 et 32 ans au moment de leur attaque décrite en termes médicaux comme de la cardiomyopathie due au stress.
Ces chercheurs n'ont pas été davantage en mesure d'expliquer pourquoi la plupart des personnes touchées sont des femmes.
"Les femmes réagissent différemment des hommes au stress, surtout quand c'est émotionnel et nous pouvons l'observer quotidiennement", a relevé le Dr Scott Sharley de l'Institut du Coeur de Minneapolis (Minnesota, nord) dans la revue spécialisée Circulation de la semaine dernière. Il y fait la description de 22 cas similaires à ceux examinés dans l'étude de l'université Johns Hopkins.
Selon lui, cette vulnérabilité féminine au "syndrome du coeur brisé" pourrait s'expliquer par les hormones et les liaisons nerveuses de leur cerveau et de leur coeur.
Ces cardiologues ont aussi insisté sur l'importance de faire la distinction entre le "syndrome du coeur brisé" et les attaques cardiaques traditionnelles pour éviter que ces personnes soient soignées toute leur vie pour une maladie cardiovasculaire dont elles ne souffrent pas.
Un mauvais diagnostic peut aussi rendre difficile, voire impossible d'obtenir une assurance-vie.
Les crises cardiaques sont provoquées quand un caillot bloque la circulation sanguine dans une artère coronaire qui alimente le coeur, ce qui peut entraîner la mort et endommager le muscle cardiaque.
Mais une émotion forte peut aussi provoquer une crise cardiaque chez des personnes ayant une maladie cardiovasculaire, ont aussi souligné ces chercheurs.
Dans les cas de cardiomyopathie due à une émotion forte, le malade subit un important affaiblissement soudain mais temporaire du muscle cardiaque qui pourrait --très rarement-- entraîner la mort sans intervention médicale, a indiqué le Dr Wittstein.
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