Il est beaucoup question depuis quelque temps des interactions qui existeraient entre les produits naturels et les médicaments. Ce débat provoque certains échanges virulents et passionnés entre les professionnels du monde médical et les producteurs de produits naturels.
J’aimerais pour ma part remettre les éléments dans leur véritable perspective et donner une opinion basée sur 30 ans d’expérience, d’études et de pratique des méthodes naturelles de santé.
Je désire être très clair et très direct, la véritable santé ne sera jamais le fruit de la consommation de médicaments, de vitamines, de plantes ou de quelques suppléments naturels quels qu’ils soient. La santé s’obtient avant tout par le respect des lois naturelles, par l’application d’un mode de vie sain. C’est ce qu’enseigne la naturopathie de base appliquée par les naturopathes hygionomistes.
Ceci étant dit, il est souvent nécessaire d’avoir recours à certains suppléments naturels, sous forme de vitamines, plantes ou autres compléments, pour aider l’organisme à retrouver l’équilibre biologique qui le mènera vers la santé. Dans la plupart des cas, le supplément naturel agira de façon « intelligente » et sans effets secondaires, de façon biologique ou probiotique, c'est-à -dire favorisant la vie.
Le médicament agit rarement de cette façon. Il agit le plus souvent de façon agressive, un peu à la façon d’un éléphant entrant dans un magasin de porcelaine, il cause la plupart du temps plus de dégâts qu’il ne règle de problème. Contrairement aux suppléments naturels, il n’y a pas de médicament sans contre-indication et sans effets secondaires. Il y a très peu de médicaments qui guérissent, je veux dire ici, que la plupart des médicaments s’attaquent à des symptômes et très peu à la cause.
Cependant, et je veux être bien clair ici, je reconnais que dans certains cas d’infections virulentes, de diabète, de problèmes cardiaques graves, le médicament sera nécessaire, qu’il peut sauver des vies et qu’il est le moindre mal. Ces cas extrêmes représentent probablement moins de 10% des prescriptions d’ordonnances.
Pour revenir au problème des interactions entre produits naturels et médicaments, le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des pharmaciens du Québec ont publié une petite brochure intitulée : « Les produits de santé naturels, attention, parlez-en avec votre médecin ou votre pharmacien ».
Cette brochure incite les personnes consommant des produits naturels et des médicaments a consulter leur médecin ou pharmacien pour s’assurer qu’il ne puisse y avoir d’interactions entre les deux sortes de produits. Le problème, à mon avis, est que ni les pharmaciens, ni les médecins, ne sont compétents en matière de produits naturels. Ils ne reçoivent aucune formation étendue, en herboristerie ou ce que l’on appelle « nutrithérapie », c'est-à -dire l’utilisation des aliments et vitamines sous forme de suppléments.
Autre facteur, il existe très peu d’études sérieuses et étendues sur les interactions entre produits naturels et médicaments. Pour la grande majorité des plantes et vitamines il n’existe aucune interaction susceptible de provoquer des problèmes de santé, particulièrement lorsque la posologie recommandée est respectée. Pour les quelques plantes qui pourraient présenter certaines interactions, ce sont la plupart du temps des plantes dont la consommation ne devrait pas faire double emploi avec un médicament.
Les auteurs de la brochure se défendent de vouloir dénigrer les produits naturels, cependant ils font preuve dès le début d’une très mauvaise foi en cataloguant les champignons toxiques, l’herbe à puce et le tabac, comme des produits naturels! C’est sans doute vrai, mais ce n’est pas ce genre de plantes que l’on retrouve dans l’industrie des suppléments naturels.
Les produits naturels ne sont pas les seuls à provoquer des interactions, la brochure mentionne également nombres d’aliments ou épices, utilisés depuis toujours dans l’alimentation humaine, comme coupables d’interactions dangereuses. Pour ne mentionner que quelques-uns : le pamplemousse, l’ail, le poivre de Cayenne, le gingembre, etc.
Bien entendu, si l’on se fie à ces auteurs, dans les interactions, le coupable est le produit naturel ou l’aliment; il faut le supprimer pour faire place au médicament qui lui n’est que tout bénéfice.
Je pense que si le Collège des médecins et l’Ordre des pharmaciens avaient un réel souci de protéger la santé du public, ils auraient beaucoup plus à gagner en publiant une brochure sur les dangers de la consommation des médicaments et les interactions entre les médicaments eux-mêmes… Mais si la brochure publiée actuellement, concernant l’interaction des médicaments et des produits naturels, fait 10 pages, cela nécessiterait pas loin de 1000 pages pour une brochure concernant exclusivement les médicaments!
Avez-vous vu, en pharmacie ou chez le médecin, une brochure vous avisant du danger de la consommation de classe des aspirines ou de médicaments tels que le Vioxx? Ils sont pourtant responsables de dizaine de milliers de morts chaque année. Et je ne mentionne ici que deux types de médicaments sur les milliers de disponibles.
Le Dr Serge Mongeau et la pharmacienne Marie Claude Roy ont réalisé, il y a quelques années, un excellent ouvrage, dans le but de protéger le public de l’usage et de l’abus des médicaments. Le titre de cet ouvrage est : « Nouveau dictionnaire des médicaments ».
Dans l’introduction les auteurs écrivent : « Le médicament est en effet le moyen dont les médecins se servent le plus souvent pour soigner les malaises et les maladies…/…Or c’est un outil puissant et potentiellement dangereux qui, trop souvent, est utilisé soit maladroitement, soit inutilement. Un trop grand nombre de médicaments sont prescrits selon des indications vagues, sans que la personne qui soigne en connaisse tous les effets et parfois le peu de valeur. ».
Je n’entrerai pas dans le débat, de la pertinence ou non de tenir compte d’interactions possibles entre les médicaments et les produits naturels. Pour ma part il s’agit essentiellement d’un faux débat. Lorsque l’on souffre d’un trouble de santé on se retrouve, sauf dans les cas d’urgence, devant le choix d’opter pour la médecine traditionnelle ou pour une méthode de soin alternatif ou médecine dite « douce ».
Lorsque l’on opte pour la médecine traditionnelle, on choisit le médicament, et je ne considère pas opportun de recourir, en plus, à des suppléments naturels. Il serait plus sage d’accompagner la prise des médicaments par un changement du mode de vie, pour s’assurer que l’état de santé s’améliorera assez rapidement pour que le médicament soit pris sur une courte durée. Quelques problèmes de santé tels que certains troubles cardiaques ou de diabète, peuvent cependant exiger la prise de médicaments sur de longues périodes ou même à vie.
Si le problème de santé qui vous affecte menace votre vie à court terme, il est tout à fait justifié et recommandé d’opter pour la médecine traditionnelle, qui est tout à fait capable de sauver des vies dans les situations d’urgence ou de troubles de santé très grave.
Cependant dans plus de 90% des cas, la vie du patient ne dépend pas de la prise du médicament. C’est dans ce genre de situation que celui-ci est inutile et sans doute même dangereux pour la santé de celui qui le consomme. Dans cette grande majorité de cas le choix devrait se tourner vers une médecine utilisant des moyens naturels, telle que la naturopathie, et qui utilise comme technique d’appoint les suppléments naturels.
Il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours aux médicaments.
Le meilleur moyen de se soigner naturellement, et particulièrement si on utilise des suppléments de plantes, est de le faire sous la supervision d’un naturopathe ou d’un herboriste. Assurez vous que votre conseiller en soins de santé est membre d’un organisme professionnel reconnu.
En faisant le choix, lorsque possible, entre médecine traditionnelle et médecine douce, on fait également le choix entre médicament ou le supplément naturel.
Pas de mélange, pas d’interactions!