Collaboration
spéciale: Nathalie Roussy h.d. Depuis
quelques années, la recherche très active au sujet de la vitamine D tend à démontrer
un nombre de plus en plus élevé de ses bienfaits sur la santé en général. Étant
donné qu'il est reconnu maintenant que la carence en vitamine D constitue une
pandémie affectant les pays nordiques, l'enjeu de la connaissance scientifique
sur cette question est donc crucial pour la santé publique. En
mars 2010, une équipe de chercheurs japonais a pu faire publier les résultats
de leur recherche clinique sur la vitamine D et l'influenza, dans la revue American
Journal of clinical nutrition. Il s'agissait d'une étude expérimentale à double
insu avec placebo, avec un triage au hasard des participants âgés de 6 à 15 ans.
Les participants du groupe expérimental ont pris 1200 IU de supplément de vitamine
D3 durant trois mois. On a observé, au terme de la recherche clinique, 50% de
réduction de grippe chez les enfants sans asthme. On a pu également, chez les
enfants asthmatiques, observer une diminution des crises d'asthme. Mais
la protection que semble offrir la vitamine D va bien au-delà de la protection
contre l'influenza. On reconnait de plus en plus un lien entre un bas taux de
vitamine D sanguin, mesuré avec le test 25 (OH) D, et différentes maladies, telles
que le cancer, le diabète, les maladies du cœur, la parodontite et les maladies
auto-immunes. Ce que l'évidence scientifique tend à démontrer est l'incroyable
capacité de la vitamine D à assurer un bon fonctionnement du système immunitaire.
Le
taux optimal de vitamine D sanguin Les
découvertes scientifiques sur les vertus de la vitamine D pour le système immunitaire
sont très récentes. Pour l'instant, le consensus qui se dessine est la recommandation
de maintenir le taux de vitamine D, mesuré par le test 25 (OH) D à, au minimum,
30 ng/ml (75 nmol/l). On considère qu'il y a carence à un taux de moins de 20
ng/ml et qu'il y a insuffisance pour un taux se situant entre 20 et 30 ng/ml.
Pour ce qui est du taux toxique, on fait mention de 100 ng/ml à 150 ng/ml, selon
les sources. Mais entre le taux toxique et le taux minimum acceptable se trouve
forcément le taux optimal. Qu'en disent les quelques spécialistes qui s'aventurent
sur la question ? Le
Dr John Cannell, chercheur sur la vitamine D mondialement connu, auteur de plusieurs
articles scientifiques publiés dans des revues, et directeur de l'organisme Vitamin
D Council, considère que 50-80 ng/ml de 25 (OH) D est le taux optimal de vitamine
d sanguin. Selon
le Dr Joseph Mercola, auteur de The Dark deception, livre traitant de l'épidémie
de carence en vitamine D, le taux optimal de 25 (OH) D est de 50-70 ng/ml. Quant
au Dr Reinhold Viet, éminent spécialiste mondialement reconnu sur la vitamine
D, il affirme qu'il n'existe aucune preuve de toxicité reliée à une concentration
de 25 (OH) D plus élevée que 56 ng/ml, sauf pour les cas rares d'hypersensibilité
à la vitamine D. De plus, il mentionne que les personnes habitant dans des régions
ensoleillées et se retrouvant souvent à l'extérieur, comme c'est le cas pour les
sauveteurs, se retrouvent avec des taux sanguins allant jusqu'à 90 ng/ml. Intoxication
à la vitamine D La
Dr. Vieth a affirmé qu'il existe peu d'évidence derrière la crainte répandue d'intoxication
à la vitamine D avec une supplémentation modérée. Il mentionne que les études
montrant des effets toxiques, comme l'hypercalcémie, ont toutes utilisé des doses
de vitamine D au moins égales à 40 000 UI/jour. Par ailleurs, deux études pilotes
récentes qui ont impliqué des femmes qui allaitaient et qui prenaient des doses
de 6400 IU de vitamine d quotidiennement n'ont démontré aucune preuve d'intoxication.
De plus, leur bébé ont vu leur taux sanguin de 25 (OH) D passer en moyenne de
13 ng/ml à 45 ng/ml. Également, d'après des échantillons de tests de 25 (OH) D
de plus de 5000 Canadiens, aucun participant n'affichait une concentration supérieure
au taux toxique de 375 nmol/L (150 ng/ml). La
moyenne nationale canadienne de vitamine D sanguin Lancée
par Statistique Canada en 2007 en partenariat avec Santé Canada et l'Agence de
la santé publique du Canada, l'Enquête canadienne sur les mesures de la santé
(ECMS) a permis de recueillir des mesures physiques directes de la santé et du
bien-être auprès d'un échantillon de Canadiens représentatif de la population
nationale. Il s'agit de l'enquête comprenant des mesures directes de la santé
la plus complète jamais entreprise au Canada à l'échelle nationale. Selon cette
vaste étude, la moyenne canadienne de 25 (OH) D, tous les mois de l'année confondus,
était de 27 ng/ml (67 nmol/l). Près de 70% affichaient un taux inférieur à 30
ng/ml durant la période de novembre à mars, soit le taux minimum recommandé par
consensus scientifique. Pour la période d'avril à octobre, ce pourcentage était
de 61.4%. 10 % des Canadiens avait une concentration considérée par le gouvernement
comme inadéquate pour la santé des os (moins de 15 ng/ml). Chez 4% de la population,
on a détecté un taux de moins de 11 ng/ml. Des
résultats similaires à ceux de l'étude lancée par Statistiques Canada ont été
retrouvés par le Dr Viet et ses associés dans une étude corrélationnelle menée
auprès de femmes canadiennes. Ils ont de plus trouvé que 26% des femmes qui n'étaient
ni noires ni blanches présentaient un taux de 25 (OH) D inférieur à 16 ng/ml.
Dans le cas des femmes blanches, ce pourcentage était de 15%. Comment
atteindre un taux sanguin optimal de 25 (OH) D avec la supplémentation Le
Dr Viet et ses associés ont trouvé que ni la consommation de lait, ni la supplémentation
en vitamine D selon les recommandations gouvernementales canadiennes, ne prévenait
les insuffisances en vitamine D.2 Ils sont arrivés à la conclusion que les recommandations
de Santé Canada sont insuffisantes pour les besoins des Canadiennes. Une
personne qui s'expose aux rayons UVB du soleil, durant les mois d'été, en maillot
de bain, sans crème solaire, peut produire entre 10 000 et 20 000 IU de vitamine
D. Une telle exposition solaire, à la fréquence de trois fois par semaine, en
maillot de bain, permet de produire au moins 30 000 IU de vitamine D par semaine,
soit une moyenne de 4300 IU par jour. Pourquoi cette personne ne pourrait-elle
pas continuer à bénéficier de ce 4300 IU par jour de vitamine D durant l'hiver,
en prenant cette fois-ci des suppléments, puisque notre corps peut produire naturellement
de telles grandes quantités sous l'effet des rayons UVB ? Qu'arrive-t-il au taux
sanguin de vitamine D d'une personne qui consomme quotidiennement 4000 IU de vitamine
D par jour durant les mois d'hiver? Selon
les données présentées par Carol L. Wagner et associés, dans un article de la
revue Pediatrics de novembre 2008, pour chaque 40 IU de supplément de vitamine
D quotidien qui est consommé durant 4-5 mois, le taux de 25 (OH)D augmentera de
0.28 ng/ml. Ce qui signifie qu'avec la recommandation en supplémentation de vitamine
D la plus audacieuse que la plupart des organisations gouvernementales puissent
émettre, soit celle de 1000 IU par jour, le taux sanguin de 25 (OH)D d'une personne
pourra augmenter de 7 ng/ml en 4-5 mois. Dans le cas d'une personne qui consomme
4000 IU, elle verra son taux de 25 (OH)D augmenter de 28 ng/ml. Si on considère
la moyenne canadienne de 25 (OH) D de 27 ng/ml, tous les mois confondus (n'oublions
pas que le taux moyen d'hiver de 25 (OH) D est plus faible que le taux moyen annuel),
on peut évaluer qu'un adulte moyen se retrouvera, en prenant quotidiennement 4000
IU de vitamine D, avec un taux sanguin de 25 (OH) D de 55 ng/ml, taux optimal
selon le Dr Cannell. Pour 10% des Canadiens, présentant un taux de 25 (OH) D inférieur
à 15 ng/ml, une telle prise de suppléments en vitamine D3 de 4000 IU par jour
durant les mois d'hiver ferait en sorte de faire passer leur niveau sanguin de
vitamine D pouvant aller jusqu'à un maximum de 43 ng/ml (encore sous optimal selon
le Dr. Cannell). Conclusion L'évidence
scientifique ne va pas dans le sens d'un risque élevé d'intoxication par la supplémentation
quotidienne, durant les mois d'hiver, avec 1000 IU de vitamine D3 par 25 livres
de poids corporel. Cette recommandation a été faite par Dr. Cannell et ses associés,
dans une étude publiée dans la revue Annals of Otology, Rhinology And Laryngology,
en 2008. Au contraire, le risque provient de ne pas tenir compte de l'épidémie
de carence en vitamine D au Canada, ainsi que dans les pays nordiques, et des
conséquences qui en découlent sur la santé publique et la santé des individus.
De plus, un simple test de 25 (OH) D permet d'ajuster la dose en fonction des
besoins individuels. En
effet, il existe plusieurs facteurs pouvant influencer le taux de 25 (oh) D et
les besoins individuels en supplémentation de vitamine D3, dont la couleur de
la peau, le poids, la saison, l'exposition aux rayons UVB naturels ou artificiels,
l'état de santé et l'âge. Étant donné la prévalence très élevée de niveaux sous
optimaux de 25 (OH) D parmi les populations des pays nordiques, tel que le Canada,
il serait souhaitable qu'un nombre plus élevé de personnes passent le test 25
(OH) D, après avoir pris un supplément de vitamine D3 durant plusieurs semaines
ou plusieurs mois. Il serait recommandé d'ajuster la supplémentation à la baisse
ou à la hausse le cas échéant, et de repasser un test, jusqu'à ce qu'on retrouve
un niveau de 25 (OH) D optimal. Cette manière de procéder a le mérite d'être à
la fois sécuritaire et adaptée aux besoins de chaque individu. Elle tient la promesse
d'une atteinte des niveaux sanguins souhaités, en plus de permettre la cessation
des spéculations sur la quantité de suppléments en vitamine D qui doit être prise.
Lire également:
Recommandations de supplémentation
en vitamine D : écart considérable entre les organisations gouvernementales
et plusieurs chercheurs scientifiques
Comment diagnostiquer
une carence en vitamine D? Le petit truc du Dr Michael Holick Ph.D. M.D.
Un test élaboré par le Dr James E. Dowd M.D.. Comment calculer
les besoins quotidiens et quels sont les symptômes d'une carence
ou d'une éventuelle intoxication à la vitamine D. A lire
dans notre section des "Amis" Cliquez
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